Légende absolue du football des années 80 et 90, Marco Van Basten est considéré comme l’un des attaquants les plus impressionnants de son époque. À l’occasion des cinquante-huit ans du natif d’Utrecht, Befootball vous raconte l’incroyable épopée de MVB à bord du Hollandais volant lors de l’Euro 1988, évènement qui changea à jamais la carrière du triple ballon d’or.
Prémisse et contexte:
Huitième édition du championnat d’Europe, l’Euro 1988 est organisé par l’Allemagne de l’Ouest et oppose huit équipes. Malgré l’absence des Français, derniers tenants en titre, la compétition possède un casting de grandes nations du football comme l’Allemagne de l’Ouest de Matthäus, l’URSS de Belanov, l’Angleterre de Gary Lineker, l’Espagne de Butragueño ainsi que l’Italie de Baresi.
Absents lors du championnat d’Europe 1984 et de la Coupe du Monde 1986, les coéquipiers de Van Basten débutent la compétition avec un groupe composé de l’Angleterre, l’Irlande et l’URSS. Les joueurs de Rinus Michells ratent leur entrée en lice dans la compétition en s’inclinant deux à zéro contre les Soviétiques. Les doutes s’élèvent et la pression augmente dès la deuxième journée des phases de poules, les Oranges doivent impérativement s’imposer face à l’Angleterre afin de ne pas se faire éliminer prématurément…
Van Basten dans la fosse aux lions :
Entré en jeu tardivement lors de la deuxième mi-temps face à l’URSS, Marco Van Basten débute titulaire face aux Three Lions. Dans une première partie du match, les Anglais dominent le jeu et les Néerlandais sont sur le point de craquer à deux reprises. Les oranges voient le ballon s’écraser deux fois sur le montant d’Hans van Breukelen après une frappe de Gary Lineker et un coup franc dangereux de Gleen Hoddle. Cependant, MVB, à l’aide de sa seule volonté, a décidé de changer le court du match.
C’est souvent dans les rencontres à grand enjeu que l’on reconnaît un grand joueur et l’attaquant batave l’avait bien compris. À quelques secondes de la mi-temps, Ruud Gullit récupère le ballon sur le flanc gauche du terrain après avoir pris la balle à Gary Stevens. D’un extérieur du pied clinique, la Tulipe Noir envoie un centre millimétré vers la surface de réparation.
Van Basten, toujours présent au bon moment, au bon endroit, contrôle la balle et se retrouve dos au but. MVB reste impassible et exécute une feinte de frappe juste avant de se retourner pour avoir un angle de tir, l’attaquant frappe en direction du petit filet opposé et marque le premier but de la rencontre. Au retour des vestiaires, les Néerlandais craquent et Bryan Robson profite d’un une-deux avec Gary Lineker pour percer la défense des Oranges et ainsi égaliser.
Dans un match avec une tout autre intensité, les joueurs anglais et Néerlandais se battent afin de faire la différence. On entre dans les vingt dernières minutes de la rencontre quand les Néerlandais obtiennent de plus en plus d’occasions. A la 71e minute, Gullit récupère la balle aux abords de la surface de réparation adverse, grâce à une reprise de volée complètement dévissée de Jan Wouters qui se transforme en passe. Le milieu de terrain en profite pour envoyer la balle sur sa gauche, où son coéquipier Marco Van Basten, attendait à la limite du hors-jeu, tel un véritable renard des surfaces.
L’attaquant enchaîne aussitôt avec une frappe croisée à ras de terre qui finit dans les buts de Peter Shilton. Quatre minutes plus tard, le double buteur récidive sur un corner. Le centre d’Erwin Koeman est repris de la tête par un Néerlandais, le ballon n’est pas cadré, mais l’opportuniste MVB en profite pour exécuter une reprise de volée imparable. Il inscrit un triplé et permet aux Néerlandais d’engranger trois points précieux en vue d’une qualification en demi-finale.
Une revanche en terre allemande :
Cette victoire précieuse face au Three Lions a fait décoller les hommes de Rinus Michels qui se sont ensuite défaits du Petit Poucet irlandais sur le score d’un à zéro, lors de la dernière journée des phases de poules. Les Oranges accèdent aux demi-finales de l’Euro et retrouvent leur rival allemand qui est prêt à livrer bataille à domicile dans le Volkspartkstadion d’Hambourg. Les coéquipiers de Van Basten ont l’occasion de prendre leur revanche sur les Allemands, dix ans après leur défaite en finale de Coupe du monde 1976. La tension est palpable lors de la première période cependant, aucune des deux équipes n’arrive à faire des différences.
Les Oranges rentrent frustrés au vestiaire après 45 minutes sans grandes occasions. Dès la reprise, le match s’intensifie et les offensives se multiplient des deux côtés du terrain. Franck Rikjaard bouscule un joueur allemand qui s’effondre à l’intérieur de la surface de réparation. L’arbitre n’hésite pas et accorde un pénalty pour la Manschaft, transformé quelques secondes plus tard par Lothar Matthäus. À partir de la 53e minute, les Oranges sont menés un à zéro face à des Allemands déterminés, poussés par les cris du public. Vingt minutes plus tard, Van Basten provoque un penalty que Ronald Koeman transforme à la 75e minute.
Les deux équipes se dirigent vers une prolongation, mais Marco Van Basten n’avait pas dit son dernier mot. À deux minutes du coup de sifflet final, Jan Wouters trouve l’attaquant batave grâce à une excellente passe en profondeur. MVB est en bout de course et dans un dernier effort, il délivre les siens en envoyant une balle croisée qui a surpris le gardien adverse. Les Oranges mènent deux buts à un face à l’ennemi allemand à la quatre-vingt-neuvième et se qualifient pour la finale de l’Euro, un rendez-vous avec l’histoire à Munich.
Démonstration de force face aux Soviétiques :
Après s’être affrontés en phase de poules, l’URSS et les Pays-Bas se retrouvent pour recroiser le fer. Cette fois-ci, c’est une rencontre d’une autre envergure et les Oranges sont à deux pas de remporter leur premier trophée international. Malgré la pression, les coéquipiers de Marco Van Basten contrôlent complètement leur match, en ne laissant aucune chance aux Soviètiques. Les Russes n’arrivent pas à se créer d’occasions. Dépassés tactiquement face aux Néerlandais, les joueurs dirigés par Lobanovski subissent l’ouverture du score sur une tête sublime de Ruud Gullit.
En seconde mi-temps, l’URSS contre-attaque, mais voit ses efforts réduits à néant par le meilleur buteur de la compétition. À la 54e minute, Arnold Muhren centre au second poteau dans l’intention de trouver la tête d’un de ses coéquipiers. Son centre est beaucoup trop puissant pour créer le danger et s’éloigne de plus en plus des cages..
Cependant, Marco Van Basten était présent au niveau de la ligne de réparation, afin de réceptionner la longue passe de son coéquipier. Avec un mélange d’audace, de créativité et de réussite, le génie batave décide de frapper directement en première intention, sans contrôler le long ballon de Mühren. À l’aide d’un équilibre parfait et d’une finition clinique, Marco Van Basten exécute une reprise de volée qui lobe le gardien adverse, se logeant dans la lucarne opposée.
Les vingt-cinq mille supporters néerlandais présents à Munich explosent de joie et les Oranges font le break suite à la démonstration de force de leur attaquant. Les Soviétiques eux, sont en manque de réussite. Igor Belanov frappe sur le poteau à la 58e minute. L’URSS obtient une chance de revenir au score une minute plus tard avec un penalty provoqué par une faute de Van Breukelen. Cependant, le Ballon d’Or 1986 voit sa tentative arrêtée par le gardien Orange.
Les Pays-Bas continuent à dominer jusqu’à la fin de la rencontre et les Oranges remportent l’euro 1988, récompenses tant attendue pour tout un peuple. Van Basten, tout sourire, est félicité par ses coéquipiers, le joueur a été un artisan majeur de la victoire des Pays-Bas lors de l’Euro. Il finit meilleur buteur avec cinq buts et une passe décisive et l’UEFA lui octroie le titre de joueur de la compétition.