Le One ne serait-il plus si spécial ? Débarqué de son poste d’entraineur de Tottenham, José Mourinho aligne ainsi un troisième licenciement consécutif en Premier League. Bénéfique sur le plan des indemnités, mais dommageable pour son héritage. À se demander si le Portugais est toujours en capacité de porter ses hommes vers les sommets.
Il faut dire qu’avec Mourinho, l’histoire se termine rarement sur une note positive. Lorsque l’on parle de lui, l’expression « ça passe ou ça casse » prend alors tout son sens. Connu pour sa rigueur, son génie tactique, son exigence, mais également pour son caractère bien trempé, Mourinho ne peut être la tasse de thé de tout un vestiaire. Loin de l’image lisse de managers plus en retrait, il semble adulé par certains, tandis que d’autres l’ont en horreur.
Ainsi en parlait par exemple le Camerounais Samuel Eto’o, avec lequel Mourinho a remporté le triplé Série A-Coupe-Champions League en 2010 :
« Je peux vous dire qu’il n’y a aucun autre entraîneur, aucun, qui parviendra à motiver ses joueurs autant que José Mourinho. Maintenant, il y a plus d’entraîneurs, chacun avec son propre style, mais en termes de motivation et de comment tirer le meilleur parti de leurs joueurs, personne ne le fait mieux que José. Pour moi, le triplé avec Jose est spécial. ».
Des propos dithyrambiques qui tranchent avec ceux tenus par Paul Pogba :
« Ce que j’ai maintenant avec Ole est différent, il n’irait pas contre les joueurs. Peut-être qu’Ole ne le choisirait pas mais ce n’est pas comme s’il les mettait de côté, comme s’ils n’existaient plus. Voilà la différence entre Mourinho et Ole. Un jour j’avais une bonne relation avec José Mourinho, tout le monde l’a vu. Et le lendemain on ne sait pas ce qu’il s’est passé. C’est la chose étrange qui m’est arrivée avec Mourinho. Je ne peux pas l’expliquer parce que je ne la connais même pas ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien entraineur de Porto ne laisse pas son monde indifférent. Un tempérament qui l’amène à des séparations prématurées et tumultueuses avec ses joueurs et employeurs.
Comme toujours, la vérité est au milieu
Cependant, les récentes expériences de Mourinho ne doivent pas seulement être jugées à la lumière de leur épilogue, mais également à celle d’une vue d’ensemble.
Certes licencié à Chelsea fin 2015, ce dernier avait tout de même trouvé le temps de ramener le titre de champion à Stamford Bridge cette même année. Viré de Manchester United fin 2018, il avait tout de même ramené les Red Devils vers les sommets de Premier League (2ème en 2018) et remporté une Europa League en 2017, embellissant quelques peu la terne période post Ferguson. Le Mou avait d’ailleurs qualifié cette seconde place d’exploit, ce qui lui avait valu les railleries des observateurs. Difficile toutefois de lui donner tort à la vue de la saison suivante (6ème).
Concernant l’expérience Tottenham, le cas semble particulier : les Spurs sont effets assimilés à un club dit de « losers », dont le dernier titre est une Coupe de la Ligue en 2008, plus préoccupé par son bilan financier que par ses résultats sportifs. Il semble que même Mourinho, avec toute son expérience et sa « culture de la gagne » selon l’expression consacrée, ne soit pas parvenu à insuffler ce supplément d’âme afin de faire franchir le cap aux anciens pensionnaires de White Hart Lane.
D’aucuns concluent ainsi que le Mou est « has been ». Il est vrai qu’à l’image de leurs joueurs, les entraineurs ont également leur phase ascendante, leur pic, puis leur phase descendante. À l’image de Carlo Ancelotti, illustre entraineur de la Juve, du Real ou du Milan, et aujourd’hui sur le banc d’Everton après de courts passages au Bayern et à Naples, ou encore d’Arsène Wenger, légende d’Arsenal partie sur le déclin.
Fraichement engagé comme consultant dans le cadre de l’Euro, nul doute que Mourinho aura à cœur de rebondir au plus vite, et d’ainsi démontrer que son entrée au cimetière des éléphants n’est pas pour tout de suite.