Deuxième épisode sur les clés du succès du Stade de Reims. Après le portait de David Guion, voici le focus sur la cellule de recrutement du club rémois.
Un souting encadré
Onzième budget de Ligue 1 avec 45M d’euros, Reims n’a pas une grande marge de manœuvre à chaque mercato. Pourtant, tout connaisseur du club ou de notre championnat, sait pertinemment que les rémois arrivent à tirer beaucoup d’avantages de leurs recrues.
Mais concrètement, qui gère cette cellule de recrutement qui peut rendre jaloux de nombreux clubs français ?
Maxime Masson, à la tête d’Ultimo Diez et connaisseur du Stade nous a éclairé sur le sujet :
« La cellule de recrutement professionnelle se compose d’une demi-douzaine de personnes. Elle s’est étoffée depuis plusieurs années sous l’impulsion du Directeur Général Mathieu Lacour. Il y a également une cellule de recrutement jeunes qui sillonne la région parisienne, le Grand Est, et le Nord Pas-de-Calais afin de dénicher les petites pépites à intégrer au projet du Stade de Reims. »

Un bord à taille humaine, qui permet d’obtenir une unité de pensée dans le projet, c’est bien la volonté du directeur général Mathieu Lacour, qui le précise lui-même :
« Aujourd’hui on travaille dans la confiance, en direct. Je collabore avec des gens qui sont réellement attachés et fidèles au club. Et ça, ça n’a pas de prix. ».
A Reims, confiance est synonyme de David Guion. Comme le souligne Maxime, le coach rémois apporte également sa touche personnelle :
« David Guion a forcément son mot à dire, notamment au niveau des profils. Globalement, l’entité sportive et l’entité recrutement ont un équilibre qui fonctionne plutôt bien. » Une groupe réduit sur la même longueur d’onde que l’entraîneur, voilà les bases d’un bon fonctionnement.
Enfin, concernant l’influence du scouting rémois, Mathieu Lacour et son équipe, ont ciblé plusieurs zones bien précises :
« Pour un club comme le nôtre, on pense que la Belgique et le Portugal sont des endroits importants. On n’est pas les seuls, mais c’est indispensable d’y être. On a une cellule de recrutement en interne au niveau professionnel et ses membres se déplacent au quotidien partout dans le monde. Principalement en Europe, mais on a aussi couvert pour la première fois l’Amérique du Sud et en particulier l’Uruguay. »
Le trading à bon escient
Rajkovic, Konan, Dia pour ne citer qu’eux, font partie des nombreux coups tentés par le Stade, et qui aujourd’hui, apportent une totale plus-value au club. D’abord une plus-value sportive qui se concrétise d’une manière globale par cette 6ème place en Ligue 1, mais aussi d’une manière plus spécifique, à l’image de Boulaye Dia, recruté à l’été 2018 et aujourd’hui impliqué sur 30% des buts de son équipe. L’autre apport des recrues rémoises se trouve évidemment dans l’aspect financier.

Le trading, littéralement acheter puis revendre plus cher, est la stratégie du Stade de Reims. Jean-Pierre Caillot, président du club, justifie et assume lui-même cette méthode :
« Evidemment que [le trading] c’est un élément intégré au club. Aujourd’hui, on est dans un cercle vertueux, on forme des jeunes, ils jouent et ensuite ils vont trouver un projet ailleurs ».
Un trading particulier et méticuleusement mené, qui souligne encore une fois tout le sérieux du projet rémois. Maxime Masson en explique les rouages :
« Il y a une volonté de trouver des jeunes de 12-13 ans pour les années à venir. C’est l’objectif de la cellule de recrutement formation/post-formation. La cellule pro a une grosse volonté de trading. Pas le trading monégasque, il n’y a pas trop d’empilement de joueurs. Mais un trading sur plusieurs phases. Il y a eu une phase française (Cafaro, Solet, Sissoko, Nouvel …).Il y a une phase européenne (Foket, Sierhuis, Zeneli, Rajkovic, Konan, Doumbia …) où les joueurs ont confirmé dans des championnats « mineurs » et le Stade est censé faire le tremplin dans leur carrière, tout en step-up le niveau actuel du club. ».

Cette stratégie gagnante-gagnante porte ses fruits : les joueurs donnent le meilleur d’eux-même pour atteindre un club plus huppé, et contribuent au progrès sportif et à la croissance du club :
« L’exemple c’est Engels. Il arrive à Reims en prêt avec option un an. Il est excellent. Et gentleman agreement, l’été suivant, il part pour Aston Villa le double du prix de son option d’achat. »
Engels comme l’a fait remarqué Maxime, mais il n’y a pas que lui. Rajkovic est arrivé pour 5M€ cet été, Foket pour 3,5M en 2018, et Chavalerin a débarqué gratuitement il y’a trois ans.
Tous ont joué bien plus de la moitié des matchs cette saison, et ont logiquement augmenté leur valeur marchande. Celle de Chavalerin a même quintuplé.
La suite…?
Avec cette qualification en Europa League, le Stade de Reims peut se permettre de rêver plus grand.

Une coupe d’Europe est d’abord une source de revenu non-négligeable pour un club comme Reims, mais c’est surtout l’opportunité d’offrir aux joueurs une première expérience européenne, moyen de les convaincre de rester au club. Maxime ajoute :
« L’Europa League, c’est une super vitrine. Le Stade jouit d’une belle côte pour les joueurs étrangers, ça se passe bien pour bcp donc ça fait des émules. Les résultats en L1 suivent, c’est bandant pour un mec de se dire « je vais avoir ce tremplin là pour accéder à un club du top 4 championnat européen sous deux ans ». »
C’est aussi l’occasion de passer à la vitesse supérieure quant aux profils visés :
« Ca peut te permettre de step-up sur un ou deux mecs confirmés. Les paris ne suffiront peut être pas, tu auras besoin de piliers. »
A l’image du projet du Stade Rennais, et de sa rapide évolution sur ces dernières années (parcours en Europa League, qualification en Ligue des Champions, recrutement de plus en plus qualitatif), Reims peut s’installer dans le top 6 pour les saison futures.
Le patron d’Ultimo Diez est aussi de cet avis :
« Je crois savoir que le Stade de Reims est VRAIMENT ambitieux […]. Si le club n’est pas pris de la folie des grandeurs et que les résultats se stabilisent, il finira par redevenir un club qui compte. Surtout vu comme les autres clubs de L1 bossent. Et dans un sens, c’est une certaine forme de méritocratie. »
L’équipe BeFoot remercie Maxime Vendrell pour sa précieuse aide.