Ce dimanche, à 18h, l’AS Roma reçoit la Lazio dans le cadre de la 13ème journée de Serie A. Au-delà d’un simple duel entre deux prétendants à la Coupe d’Europe, la Ville Éternelle verra s’affronter ses deux enfants. Un duel fratricide, sur le terrain et en dehors, qui dure depuis près d’un siècle.
Un derby quasi-centenaire
Au cœur des années 1920, à Rome, 4 équipes se disputent le trône. Tant de clubs, pour une seule ville, et aucun qui ne sort vraiment du lot. L’arrivée du Duce, Benito Mussolini, vient alors mettre un terme à cette pagaille. Rome est le cœur de l’Italie, elle a besoin d’unité, d’un club fort, pour venir concurrencer les grands d’Italie, comme Milan, Pise ou Florence. Tous acceptent de s’unir, sauf un : la Lazio. l’Alba Audace, le Roman FC et Fortitudo deviennent alors l’AS Roma, la Lazio reste seule dans son coin.
À partir de 1927, deux équipes subsistent à Rome, commence alors la rivalité. 2 clubs qui n’ont de commun que la ville. Couleurs, idéologies, culture et classes sociales : tout les sépare. La Roma choisit comme symboles Remus et Romulus, le jaune du Vatican et le rouge de l’Empire Romain, lorsque la Lazio s’inspire de l’aigle et du bleu et blanc de l’Empire Grec.
En 1929, les deux rivaux s’affrontent pour la première fois. L’AS Roma sort gagnante du duel, victoire 1-0. Il faudra attendre près de 3 ans, pour voir les biancocelesti prendre le meilleur sur les giallorossi (victoire 2-1 en 1933).
Duel pour la suprématie de Rome
Roma – Lazio, deux clubs, et un affrontement entre deux idéologies bien distinctes. Crée en 1900, la Lazio était, au départ, le club de la bourgeoisie. Une classe sociale aisée qui a longtemps affiché des idées d’extrême droite, à l’opposé des valeurs véhiculées par les supporters de la Roma. La Louve, quant à elle, tient son noyau dans les quartiers populaires de la capitale. Testaccio, Garbatella, ou encore Trastevere, des quartiers de la périphérie de Rome où s’entassait la population ouvrière au 20ème siècle.
Gauche contre droite, Francesco Totti contre Paolo Di Canio ? Cette tendance semble tout de même s’affaiblir au 21e siècle. Néanmoins, les divergences subsistent, et ce derby représente, pour les supporters des deux camps, une quête de suprématie locale.
Dans une Serie A longtemps placée sous l’hégémonie des deux Milan, ou de la Juve, les perspectives de briller à l’échelle nationale sont faibles. A elles deux, les sœurs romaines ne comptent que 5 titres en championnat (2 pour la Lazio, 3 pour la Roma). Un palmarès légèrement en faveur de la Louve, toujours loin de rivaliser avec les équipes du Nord de l’Italie. Le Derby della Capitale, censé accorder au club vainqueur une suprématie (éphémère), sur la Ville Éternelle, permet aux deux clubs de se livrer un combat âpre, à défaut de jouer le Scudetto chaque saison.
Un duel, sur, et en dehors du terrain
Cette volonté d’asseoir sa suprématie sur la ville éternelle ne se limite pas au rectangle vert. Véritables ennemis en tout point, les supporters des deux clubs n’ont en commun que la Fontaine de Trevi et le Stadio Olimpico. Chaque derby est placé sous haute sécurité : la faute à d’innombrables dérapages et heurts en marge des rencontres, lesquels ont parfois mené à de véritables drames.
En 1979, alors que l’Italie sonne la fin des années de plomb, un événement va venir réveiller de vieux démons. Le 28 octobre , Rome gronde et s’apprête à vivre le 81e derby de son histoire. Dans les travées de l‘Olimpico, Vincenzo Paparelli, un supporter de la Lazio est venu assister au match. Quelques minutes avant le coup d’envoi, une fusée de détresse, lancée depuis la curva des supporters romains, atterrit dans l’œil du tifoso laziale.
Pris en charge rapidement par les secours, l’homme de 33 ans décède dans l’ambulance qui l’emmène à l’hôpital. La fédération, mise au courant du drame, décide tout de même de maintenir la rencontre. Dans une ambiance délétère, et sans aucun supporter de la Lazio, qui ont tous quitté le stade en signe de protestation, les deux équipes se neutralisent 1-1. Un drame en Italie. Vincenzo Paparelli n’était affilié à aucun groupe politique, il était juste là, au mauvais endroit, au mauvais moment.
C’è un solo modo per sconfiggere l’odio. Questo.#Paparelli, sempre nel cuore di ogni laziale. pic.twitter.com/ARPCQgSi2U
— S.S.Lazio (@OfficialSSLazio) October 30, 2022
Cette rivalité, exacerbée par les divergences culturelles et sociales des deux camps, a pris une tournure politique depuis quelques décennies. Le groupe de supporters de la Lazio : les « irriducibili » (En français : les irréductibles), suscite de nombreuses polémiques depuis le début des années 2000.
Ouvertement affilié à l’extrême-droite et aux partis néo-fascistes italiens, les « irréductibles » ont déployé, en 2011, une banderole visant leurs rivaux, avec l’inscription : « Auschwitz est votre patrie, les fours sont votre maison ». Autre fait d’armes, lorsqu’en 2017, les membres du groupe viennent coller, dans la travée des supporters de la Roma, des stickers représentant Anne Frank, jeune adolescente juive, tuée par les nazis pendant la Shoah, avec le maillot du rival.
Des comportements racistes et antisémites, condamnés par la fédération à l’époque, mais qui témoignent de problématiques non résolues et encore trop présentes sur le territoire italien.
À qui l’avantage ce dimanche ?
À l’aube de cette 13e journée de Serie A, Laziali et lupi sont au coude à coude en championnat. Un seul point sépare les deux candidats à l’Europe. Un match très important donc, qui verra le vainqueur distancer son rival. Dans l’histoire, ce derby sourit aux giallorossi. Avec 66 victoires, pour seulement 49 défaites, la Roma s’avance favorite.
D’autant plus que la Lazio devra faire sans deux de ses meilleurs joueurs. Ni Ciro Immobile, auteur de 6 buts cette saison, ni le milieu Sergej Milinković-Savić ne seront aptes pour la rencontre. Les Romains, quant à eux, devront se passer de Paulo Dybala, toujours blessé. Un derby sans ses étoiles donc, dans lequel la Lazio essaiera de chasser ses vieux démons : la saison passée, les coéquipiers de Luis Alberto s’étaient inclinés 3-0 à L’Olimpico.
Un commentaire
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