Leicester en 2016, Burnley en 2018, Hoffenheim en 2018, Getafe en 2019, Grenade en 2020, il y a beaucoup d’exemples d’équipes ayant côtoyés les sommets de leur championnat alors qu’elles étaient loin d’en être prédestinées. Pour certaines, il n’y a pas de qualifications en Europe, mais le jeu proposé a séduit tout un pays et les amateurs du football en général. Et cette année encore, certains clubs font partie de cette catégorie.
🇫🇷 RC Strasbourg
Arrivé à la 15ème place l’année dernière, l’objectif du club était de se maintenir et de viser la moitié de tableau. Pour ce faire, Thierry Laurey n’est pas prolongé après cinq ans à la tête de l’équipe et c’est Julien Stéphan qui le remplace. La nomination de l’ancien entraîneur de Rennes peut sembler surprenante, certains le voyaient prendre la tête d’une équipe avec de plus grandes ambitions. Il n’a pas tardé à faire taire ses détracteurs.
Après un seul petit point en trois journées, l’équipe lance sa saison grâce à une victoire 3-1 contre Brest. Ils enchaînent les résultats en montagnes russes en alternant entre victoires, nuls et défaites. Cependant, l’équipe pratique un football plaisant à regarder. Les joueurs semblent épanouis avec leur nouveau coach, et c’est le capitaine Dimitri Liénard qui en parle le mieux :
« Le coach communique beaucoup, aime échanger pour voir si on adhère à ce qu’il propose. Il fait attention à tout le monde. Il veut qu’on ait davantage la possession, le contrôle du jeu, qu’on aille chercher un peu plus haut l’adversaire. À l’entraînement, c’est hyper dynamique, ça envoie. »
Avec le 5-3-2 mis en place par Stéphan, le club se trouve à la sixième place à la mi-saison. Sixième, c’est aussi la place finale de Strasbourg, qui échoue à trois points d’une qualification en Europe. Une des recettes de ce beau jeu est l’attaque de feu composé d’Ajorque, de Diallo et d’un ancien du club revenu cet été, Kevin Gameiro. À eux trois, ils totalisent 34 buts cette saison sur les 60 inscrits. La saison prochaine fait poser quelques questions : les trois attaquants resteront ils en Alsace et si oui, continueront ils d’être aussi performants ? Parviendront ils à acheter Guilbert et Perrin, qui ont été prêtés cette saison ? En tout cas, les pensionnaires de La Meineau ont réalisé une grande saison, et ont pressé de les voir à l’œuvre la saison prochaine.
🇫🇷 FC Nantes
Saison 2020/2021, le FC Nantes finit 18ème de Ligue 1 et doit jouer les barrages face à Toulouse pour se maintenir. Grâce à un résultat 2-2 sur l’ensemble des deux matchs et la règle du but à l’extérieur, ils parviennent à rester dans l’élite du football français. C’est Antoine Kombouaré qui est venu sauver le club et est devenu le quatrième entraîneur de la saison chez « Les Canaris ».
Pour cet exercice 2021/2022, seul Wylan Cyprien et Alban Lafont sont venus renforcer l’équipe pour tenter de se maintenir sans à avoir à jouer les barrages. Après un début de saison compliqué avec quatre points en cinq journées, les spectres de la saison dernière commencent à ressurgir. Mais c’était juste le temps de mettre la machine en route, et Nantes commence à enchaîner les bons résultats, avec un mental à toute épreuve, en témoigne cette victoire 3-2 à domicile face à Lens, alors qu’ils étaient menés 2-0 à la mi-temps.
Lors d’une conférence de presse avant la dernière journée face à Saint-Etienne, l’entraîneur nantais a développé certaines facettes de son travail. Il considérait avoir huit titulaires indiscutables, et que les trois autres places variaient selon la place au classement du club et l’adversaire qu’ils affrontaient. Il a aussi changé sa mentalité et sa façon d’être avec les joueurs, et Ludovic Blas (ancien joueur de Guimgamp lorsque le club était coaché par Kombouaré) a témoigné de ce changement lors de l’émission « Le Vestiaire » sur RMC SPORT.
Mais que serait cette saison du FC Nantes sans cette magnifique victoire en Coupe de France ? Après un parcours honorable, Nantes affronte Nice au Stade de France. Grâce à une victoire 1-0 avec un pénalty transformé par Ludovic Blas, Les Canaris remportent leur premier trophée depuis la saison 2000/2001 et leur titre de champion de France, et ils disputeront la Ligue Europa la saison prochaine.
Pour clôturer cette magnifique saison, le club finit à une très belle neuvième place, avec une différence de buts positive de +7. Avec la Ligue Europa, la saison prochaine, l’effectif va devoir être renforcé pour faire souffler les cadres, et l’argent généré par la compétition et cette neuvième place va devoir être utilisé intelligemment pour redonner à Nantes sa gloire d’antan.
🏴 Arsenal
« Les Gunners », les éternels perdants, ceux qui depuis des années ne répondent pas aux attentes, ceux pour qui chaque fin de saison de Premier League devient une déception. L’année dernière, une huitième place les ont empêché d’aller en Europe, à un petit point de leur rival londonien Tottenham, une double humiliation. Il fallait enfin briser cette spirale négative, et le club a décidé de mettre la main au portefeuille :
- Ben White (23 ans, 🏴) : 58,5M€ en provenance de Brighton
- Martin Odegaard (22 ans, 🇳🇴): 35M€ en provenance du Real Madrid
- Aaron Ramsdale (23 ans, 🏴) : 28M€ en provenance de Sheffield United
- Takehiro Tomiyasu (22 ans, 🇯🇵) : 18,6M€ en provenance de Bologne
- Albert Sambi Lokonga (21 ans, 🇧🇪) : 17,5M€ en provenance d’Anderlecht
- Nuno Tavares (21 ans, 🇵🇹) : 8M€ en provenance de Benfica
Avec 165M€ dépensés sur ce mercato d’été, le club espère bien renouer avec les sommets du championnat. La concurrence est rude, et recruter des joueurs avec de l’expérience et âgé de maximum 23 ans est un projet sur le court et long terme. La sauce doit prendre rapidement, et Mikel Arteta a déjà posé des bases solides, lui qui est au club depuis décembre 2019.
Arsenal va perdre son premier match de la saison contre le promu Brentford, et les supporters y voient un signe d’une saison qui s’annonce très compliquée. Ils enchaînent ensuite deux défaites en Premier League contre Chelsea 2-0 puis contre Manchester City 5-0. Le club est alors dernier du championnat avec aucun but inscrit et neufs encaissés. Mais Bukayo Saka et ses coéquipiers se sont vite repris en enchaînant huit matchs sans défaite, avant d’abdiquer face à Liverpool. Ils finiront la phase aller avec une victoire 5-0 sur la pelouse de Norwich, leur permettant d’être à la quatrième place avec 11 victoires.
Le manager espagnol est passé sur un système en 4-2-3-1, avec des ailiers techniques et capable de faire des différences comme Saka, Martinelli, Smith-Rowe et Pépé. Le maître à jouer est Martin Ødegaard en position de numéro 10, en soutien d’Alexandre Lacazette. Le pressing est aussi fait intelligemment depuis cette saison, avec une activité à la perte de la balle étouffante empêchant régulièrement les relances de balles adverses.
Arsenal reste assez irrégulier par moment, et tout le monde le sait. Quelle équipe a réussi l’exploit de perdre trois matchs d’affilée contre Crystal Palace, Brighton et Southampton, puis enchaîner cinq victoires contre Chelsea, Manchester United, West Ham, Leeds et Tottenham ? C’est ça Arsenal, capable du meilleur contre les meilleurs et du pire contre les moins bons. Quoi qu’il en soit, « Les Gunners » finissent à la cinquième place du championnat et ont joué la qualification en LDC jusqu’à la dernière journée. Ils terminent avec 69 points, à titre de comparaison c’est autant que Liverpool la saison dernière et deux points de plus que Chelsea l’année dernière, pour rappel les Blues avaient remporté la LDC cette année-là.
Il ne manque qu’un petit quelque chose pour que l’hymne de la LDC retentisse à nouveau dans l’Emirates Stadium. Ce petit quelques chose passera-t-il par le recrutement d’un grand attaquant comme Gabriel Jesus, dans la défense qui a encaissé 48 buts, ou bien le remplacement de Xhaka dans ce double pivot avec Partey ? On espère que les dirigeants et Arteta trouveront la solution cet été pour passer un palier important, le retour en LDC, qu’ils n’ont plus disputé depuis la saison 2016/2017, une éternité pour les supporters.
🏴 Brighton
Voilà un club capable de faire d’un groupe de jeunes une équipe compétitive. Arrivés en Premier League lors de la saison 2017/2018, « Les Seagulls » ont, au fur et à mesure des années, développé un style de jeu basé sur la possession, le pressing et la multiplication des attaques. Emmené par le génial Graham Potter, Brighton a enfin réussi à finir l’année à une place décente.
Dès le début de saison, l’équipe va obtenir de très bons résultats en récoltant 12 points en cinq matchs. La saison est lancée sur les chapeaux de roues, et ils ne comptent pas faiblir si facilement. Malheureusement, les pensionnaires du Falmer Stadium vont vivre trois mois très compliqués entre le 27 septembre et le 26 décembre où ils ne gagneront aucun match, soit 11 matchs sans l’emporter. Il a fallu attendre la réception de Brentford pour voir enfin l’équipe s’imposer sur le score de 2-1.
Ils remporteront trois matchs jusqu’à s’écrouler à nouveau durant un mois entre la mi-février et la mi-mars, enchaînant six défaites dont un cinglant 3-0 à domicile contre Burnley, qui a fini la saison, relégué. Parmi les 11 défaites cette saison, The Albion en a concédé sept à domicile, bien trop pour rester compétitif dans un championnat comme la Premier League. L’une de leur force reste les déplacements, avec sept victoires, huit nuls et seulement quatre défaites.
Le plus impressionnant chez cette équipe est sa façon d’utiliser le ballon. Graham Potter a toujours voulu un jeu efficace porté vers l’avant, ponctué par un pressing intelligent quand ils n’ont pas la balle, leur permettant d’avoir une moyenne de 54,5% de possession, c’est 5% au dessus de la moyenne en Premier League. Le principal problème de cette équipe est le manque d’un tueur devant, leur permettant de conclure bien plus de leurs occasions créées. Selon le site FootballXG, Brighton aurait dû inscrire 48,2 buts au lieu des 42 réels, leur permettant de finir l’année avec 55 points et une huitième place.
Alors bien sûr, tout ceci reste des suppositions, mais cela reste un indicateur intéressant pour mesurer le niveau d’une équipe. Quoi qu’il en soit, « Les Seagulls » finissent à une jolie neuvième place avec 51 points, le meilleur résultat de leur histoire. Pour viser encore plus haut et rêver d’Europe, Brighton va devoir combler les lacunes offensives. On espère que l’arrivée de Denis Undav, élu joueur de l’année en Pro League avec l’Union Saint-Gilloise, le club affilié, leur permettra de passer un cap.
🇪🇸 Real Betis
Le Betis, c’est un peu différent des autres équipes cités précédemment. L’année dernière, ils finissent à la sixième place et participent à l’Europa League, tout comme cette saison. La seule différence est que les sévillans piquent la place de cinquième à la Real Sociedad.
Ce qui a surpris cette année chez le Betis est le niveau de jeu affiché et cette course à la Champions League à laquelle ils auront participé toute la saison. Sans un réveil de l’Atletico vers le milieu/fin de saison, nous aurions retrouvé les deux équipes de Séville en Ligue des Champions. Ils n’étaient pas loin d’un exploit, car ils n’ont disputé la LDC qu’une seule fois dans leur histoire, en 2005/2006.
Le club a pu compter sur des joueurs qui ont joué à un niveau excellent cette saison, à l’image de Nabil Fekir qui a réalisé sa meilleure saison sous la tunique sévillane. Juanmi a lui aussi montré qu’il était excellent devant les buts, en finissant la saison avec 16 buts en Liga, son record en carrière. La paire de buteur Willian Jose – Borja Iglesias a aussi bien performé, inscrivant 18 buts. La défense a elle aussi affichée un très bon niveau, à l’image du renouveau d’Hector Bellerin qui revit en Andalousie. Chaque poste possède un ou deux joueurs très performants, qui leur a permis d’obtenir d’excellents résultats.
Au niveau collectif, l’équipe a su gérer ses matchs où ils étaient annoncés favoris. Cette saison, sur les 20 matchs disputés contre une équipe de deuxième partie de tableau, ils n’en ont perdu que deux, face au Celta Vigo 11ème et face à Elche 13ème. Face à ses concurrents directs, les résultats sont logiquement plus mitigés, en témoignent ces deux défaites face à Villarreal, face à l’Atletico et surtout, face au rival du FC Séville. Ils ont aussi surpris le Barca en s’imposant au Camp Nou 1-0 ou en étrillant la Real Sociedad 4-0 lors du match aller.
Cette année n’aurait pas été si bonne sans cette victoire finale en Coupe du Roi, la troisième de leur histoire. Pour en arriver là, ils ont éliminé respectivement Alicante, Talavera, Valladolid, le FC Séville, la Real Sociedad (à nouveau sur le score de 4-0 comme en Liga), le Rayo Vallecano et en finale, ils battent Valence grâce à un tir au but de Juan Miranda.
L’année prochaine, le Betis fera partie des équipes à surveiller, et ils devront saisir leur chance pour se qualifier pour la prochaine édition de la Ligue des Champions.
🇩🇪 Union Berlin
Longtemps largué pour la course à l’Europe, le club de la capitale allemande a réalisé un rush en fin de championnat impressionnant leur permettant d’accrocher la 5ème place, en empochant 19 points sur 21 possibles. Lors de cette série, ils ont battu l’Eintracht Francfort, les vainqueurs de l’Europa League, leurs concurrents pour l’Europe, Fribourg et Cologne, qui finiront respectivement 6ème et 7ème de Bundesliga, le derby de Berlin face au Hertha, le dernier match de la saison face à Bochum, et une magnifique victoire sur la pelouse de Leipzig, ce qui a retardé et mis en danger leur qualification en Ligue des Champions. Le grand regret est ce match nul à la maison face à Greuther Furth, condamné à la relégation depuis plusieurs journées. Sans ce match nul, nous aurions retrouvé l’Union Berlin en Champions League. Surtout qu’au match aller, ils ont perdu contre eux, récoltant 1 point sur six possibles face à une équipe qui finit dernière avec 18 points.
Malgré ces deux grosses déconvenues, la saison de l’Union est une réussite, car c’est un club sans aucun trophée qui ne dispute que la quatrième saison de son histoire en Bundesliga. La performance est historique car les berlinois perdent Robert Andrich au mercato d’été, puis Marvin Friedich et Max Kruse au mercato d’hiver. Trois joueurs parmi les plus importants du système en 3-4-1-2/3-5-2 de l’entraîneur Urs Fischer. Il a dû faire avec les moyens du bord, et il s’en est très bien sorti avec une équipe estimée à 73M€ sur Transfermarkt. Bien aidé par les 15 buts de Taiwo Awoniyi, les pensionnaires d’An der Alten Försterei ont pu compter sur des guerriers comme Grischa Promel qui prend la direction d’Hoffenheim après six saisons à Berlin. On trouve aussi la légende Christopher Trimmel, piston droit de 35 ans qui vient de participer à sa huitième saison au sein du club.
C’est un groupe soudé qui est passé près de l’exploit. Refondé en 1966 par un groupe d’ouvriers syndicalistes, dont son surnom « Les Hommes de Fer », ce petit club de la capitale est rapidement devenu une place forte du football berlinois. Survivant deux fois à une faillite quasiment imminente grâce aux dons des fans, le club est revenu de loin pour, on l’espère, devenir un élément important du football allemand, qui manque cruellement d’un cador à l’Est du pays.
🇩🇪 Fribourg
La saison de Fribourg est assez opposée à celle de l’Union Berlin. Ils ont été au top toute l’année, en passant une bonne partie de la saison dans la troisième et la cinquième place. Malheureusement, un coup de moins bien durant le mois de novembre et début décembre, avec quatre défaites et une victoire en cinq matchs leur ont été fatales. Fort heureusement, le club du sud-ouest de l’Allemagne a globalement très bien performé, bien au-dessus des attentes du début de saison.
La plus grande force de cette équipe est la même que l’Union Berlin, une solidarité à toute épreuve, avec des joueurs prêts à mourir pour leur écusson. Emmenés par Christian Striech, entraîneur de Fribourg depuis 2011 et présent au club depuis 1990 où il était joueur, « Les Brésiliens du Breisgau » jouent dans un 4-4-2 ou bien un 4-2-3-1 modulable lors des phases avec ou sans ballon. La défense à trois a aussi été utilisée, mais surtout en début de saison. Des cadres ont émergé cette année, bien accompagnés par les piliers importants de l’équipe. Le plus médiatisé est bien sûr le défenseur central de 22 ans Nico Schlotterbeck, qui a fini par s’imposer dans son club après un prêt mitigé à l’Union Berlin. Il est tout simplement le meilleur défenseur de Bundesliga cette saison, avec une note moyenne de 7,39 selon WhoScored. Il prendra la direction de Dortmund dès le 1er juillet contre un chèque de 20M€.
Le symbole de cette équipe est sans aucun doute le capitaine Christian Günter. Arrivé au club en 2006 à l’âge de 13 ans, il a gravi tous les échelons chez les jeunes et a fini par rejoindre l’équipe première en 2012. Défenseur gauche polyvalent, il a joué toutes les minutes possibles cette année, que ce soit en championnat ou en Coupe d’Allemagne. Sur les 3 690 minutes jouées cette saison par Fribourg (sans le temps additionnel), il n’en a loupé aucune. Une performance hallucinante, venant d’un joueur qui l’est tout autant.
Grâce à des joueurs comme Grifo, Lienhart, Kübler, Eggestein, Höfler, Höler et tant d’autres, Fribourg a atteint la finale de la Coupe d’Allemagne pour la première fois de son histoire, mais les pensionnaires de l’Europa-Park Stadion se sont inclinés en finale face au RB Leipzig lors des tirs aux buts. Pour couronner cette excellente saison, ils ont fini à la sixième place du classement, et participeront à la Ligue Europa pour la deuxième fois de leur histoire. On espère les voir faire mieux qu’en 2013/2014, où ils sont sortis en poule. Mais vu la progression du club, difficile de ne pas les voir franchir un cap la saison prochaine.
🇮🇹 Salernitana
Cette partie sera la seule où un club ne finit pas dans la première partie de tableau, mais Salernitana a réalisé un exploit aussi sensationnel que les autres clubs cités juste au-dessus, voir plus. Promue cette saison en Série A, la Salernitana est l’effectif le plus faible de la première division, avec une valeur totale de 55M€ selon Transfermarkt, bien en dessous du reste des équipes du championnat. Toutes les prédictions les voient faire l’ascenseur et retourner en Série B, surtout quand les deux autres promus sont Empoli, habitués à la Série A, et Venezia, qui a réalisé un mercato très intéressant et intelligent.
Et les prédictions semblent être bien réelles, car au bout de 18 journées, le club compte huit points, avec deux victoires, deux nuls et 14 défaites. 11 buts marqués, 42 encaissés, autant dire que les Grenats avaient déjà un pied en Série B. Quelques mois plus tard, le club est resté bon dernier avec 16 points en 32 matchs, et le premier non-relégable est à 25 points. Le club semble condamné à la descente, et l’arrivée l’été dernier de Franck Ribéry ou cet hiver de Federico Fazio n’aura pas suffi. Mais à partir du 16 avril et un match contre la Sampdoria, tout va changer. Le club s’impose 2-1 à Gênes, enchaîne avec une nouvelle victoire à l’extérieur 1-0 grâce à un but à la 93ème minute contre Udinese, une autre 2-1 face à la Fiorentina, pourtant en course pour l’Europe et sur une série de trois victoires, un nul à l’extérieur contre l’Atalanta qui égalisera à la 88ème, et surtout une victoire importantissime contre Venezia 2-1 à la maison. Ils enchaîneront deux matchs nuls, un contre Cagliari, un adversaire direct pour le maintien, puis un autre contre Empoli.
Arrive la dernière journée, et « I Granata » possède 31 points, soit trois de plus que le Genoa et deux de plus que Cagliari. Ils sont potentiellement maintenus, mais la grande inquiétude est le match de Cagliari qui affronte Venezia, qui est déjà condamné à la relégation. Une victoire des Sardes et une déconvenue face à l’Udinese les enverraient directement en deuxième division. Il reste quelques minutes à jouer, et les locaux perdent 4-0 face à la bande de Deulofeu. À plus de 700km de Salerne, Venezia résiste tant bien que mal aux assauts de Cagliari. Les supporters ont les yeux rivés sur l’autre match, et n’attendent que le coup de sifflet final pour exulter
Les secondes paraissent des minutes, et les minutes paraissent des heures. Ils restent deux minutes à jouer à Salerne, et c’est la délivrance : les 31 000 spectateurs du stade d’Arigis célèbrent, Venezia a tenu bon, la Salernitana est maintenue en Série A pour la première fois de son histoire. Certains joueurs s’arrêtent de jouer et s’effondrent au sol, en pleurs face à l’exploit qu’ils ont réalisé. Daniele Orsato siffle la fin du match, et des supporters jettent des fumigènes sur la pelouse pour célébrer ce maintien.
La saison prochaine, l’objectif reste le maintien, mais les nouveaux propriétaires, arrivés en janvier, voient plus grand. Après une saison très compliquée avec 78 buts encaissés et le licenciement de deux entraîneurs en quelques mois, les dirigeants souhaitent se stabiliser dans l’élite. Pour atteindre leurs objectifs, le club souhaiterait s’attacher les services d’Edinson Cavani, libre de tout contrat dès le 1er juillet. Un duo Cavani-Ribéry, de quoi poser les bases d’une future saison qui s’annonce intéressante.
🇧🇪 Union Saint-Gilloise
On sort du top cinq européen direction la Belgique, et plus précisément sa capitale Bruxelles. On retrouve l’Union Saint-Gilloise, un géant du début des années 1900 jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, qui a remporté 11 titres de champion entre 1904 et 1935. Mais voilà, la guerre est arrivée et a complètement chamboulé le club, qui n’a plus gagné un seul trophée depuis.
Club familial, il a échoué à passer professionnel et se fit reléguer de première division en 1965, et « Les Apaches » se contenteront de faire l’ascenseur entre la deuxième et la quatrième division belge. Dans l’ombre des plus grands clubs belges depuis maintenant 80 ans, un événement va changer l’histoire du club, son rachat par le milliardaire Tony Bloom.
Alors en deuxième division, le propriétaire de Brighton va tenter de refaire vivre ce club dans l’élite du football belge. Il décide de rénover le stade Joseph Marien, et de recruter intelligemment, en priorité des jeunes joueurs à fort potentiel, d’autres qui ont échoués au plus haut niveau pour les relancer, ou certains qui ont perforés dans des ligues mineurs. Grâce à l’arrivée de l’entraîneur Felice Mazzù et le recrutement d’Undav, Vanzier, Nielsen et d’autres, l’Union finit champion de deuxième division deux ans plus tard et accède enfin au plus haut niveau du football belge après 48 ans d’absence.
En tant que promu, l’objectif reste le maintien, surtout quand on possède l’un des plus petits budgets du championnat, 16M€. Il faudra jouer chaque match comme une finale, et c’est ce qu’ils ont fait, mais pas pour se maintenir, pour tenter de finir champion. Le club a passé quasiment toute sa saison en tête du championnat. En 34 journées, l’Union en passait 27 à la première place, une performance absolument dingue. Même le Club Bruges, injouable depuis des années n’y arrive pas. Les Bruxellois enchaînent les récitals : 3-1 contre Anderlecht dès la première journée, 4-0 contre le Standard Liège, 5-0 contre Beerschot, 4-1 contre Charleroi, et un massacre 7-1 sur la pelouse d’Ostende.
Seul Bruges n’a pas perdu cette saison contre la bande à Felice Mazzù, preuve de leur domination. Malheureusement pour eux, le championnat belge ne s’arrête pas après la phase aller-retour, et il faut jouer les Playoffs pour constituer le classement final et distribuer les places européennes. L’expérience du Club Bruges fera la différence, et ils finiront champions pour la troisième fois d’affilée.
Le club peut être fier de lui : l’Union fait à nouveau partie des grands noms du championnat belge, et jouera les qualifications pour la Ligue des Champions cet été, une compétition encore inconnue au stade Joseph Marien. Il faudra composer sans Deniz Undav, le meilleur joueur du championnat belge et auteur de 25 réalisations, qui continuera sa carrière à Brighton, le club affilié. Felice Mazzù pourrait lui aussi faire ses bagages, annoncé avec insistance du côté d’Anderlecht à la suite du départ de Vincent Kompany. Quoi qu’il en soit, l’Union Saint-Gilloise aura fait vibrer ses supporters et tous les amoureux du foot, car ces histoires là sont les plus belles.
🇨🇭 FC Zurich
Voici notre 10ème et dernier club, et nous allons en Suisse pour découvrir le FC Zurich. L’année passée, les suisses ont fini la saison à la huitième place, faisant d’eux les premiers non relégables. Remonté dans l’élite du football suisse cinq ans auparavant, le FCZ a connu une période difficile en 2016 avec cette relégation, car c’est un symbole de ce championnat qui s’en va, comme le disait l’entraîneur Uli Forte le jour de cette descente :
« C’est un choc énorme pour tous. Le FC Zurich appartient à la Super League et j’espère que le club va bientôt remonter en division supérieure. »
Et on peut dire qu’il avait vu juste, il finit champion de deuxième division dès la saison suivante, et le club se maintient dans l’élite du football suisse, non sans mal, en finissant respectivement quatrième, deux fois septième puis huitième, dans un championnat à 10 équipes. Pas de quoi fanfaronner, et l’équipe s’attend à jouer le maintien, pour ne pas changer. L’effectif est resté similaire, et le club s’est uniquement renforcé sur ces postes de pistons, avec l’espagnol Adrian Guerrero et le serbe Nikola Boranijasevic.
Emmené par leur nouvel entraîneur André Breitenreiter, « Züri » va gagner ses quatre premiers matchs de la saison, de quoi mettre en confiance un effectif qui en manquait cruellement. Les quatre matchs suivants ne verront pas l’équipe gagner, avec deux nuls et deux défaites, contre les Young Boys et Bâle, les deux favoris pour le titre. Mais l’effectif ne se connaît que trop bien, avec des joueurs présents depuis quelques années. La sauce allait prendre un jour ou l’autre, et c’est arrivé le 3 octobre 2021. Zurich étrille Sion sur le score de 6-2, et va entamer une série de 45 points pris sur 51 possibles.
Un rouleau compresseur qui ne laisse aucune chance à ses adversaires, mené par son serial buteur Assan Cessay. Arrivé au club en 2018, il n’a jamais donné satisfaction, ne dépassant jamais la barre des trois buts en championnat. Mais cette saison, le gambien a affolé les compteurs. Il empile but sur but, bien accompagné par Antonio Marchesano et Adrian Guerrero, lui distribuant des caviars tous les week-ends. L’équipe pratique un football séduisant en 3-5-2 basé sur l’offensif, avec deux buteurs au style de jeu différent, Cessay et Marchesano, bien suppléé par Gnonto, 18 ans, et prêté par l’Inter Milan.
Premier du classement depuis la 14ème journée, Zurich se déplace à Bâle et peut assurer le titre chez un rival. Une tête de l’inévitable Cessay et une frappe de Boranijasevic plus tard, les visiteurs s’imposent 2-0 et réalisent l’impossible : gagner le titre de champion qui leur échappait depuis 2009. Un exploit inespéré pour les supporters qui s’attendaient à une énième saison galère. Ils finissent la saison avec 78 buts inscrits et 46 buts concédés en 36 matchs.
La saison prochaine devra être celle de la confirmation. L’entraîneur a quitté le navire pour prendre les rênes d’Hoffenheim, et le milieu titulaire Ousmane Doumbia ainsi que trois autres joueurs partiront libre du club. Le cas de Cessay, 20 buts et 11 passes décisives cette saison, sera un dossier important à gérer, son contrat prenant fin le 30 juin. Il faudra aussi assurer la qualification en Ligue des Champions lors des barrages. Le club doit être prêt à entrer dans la cour des grands, et il semble prendre la bonne direction pour le faire.