Arrivé il y a deux ans à la tête du FC Martigues, Grégory Poirier a vécu une incroyable saison avec le club martégal. Proche de la montée en Ligue 2, l’ancien footballeur professionnel revient sur cette belle saison et ambitionne de belles choses pour la saison prochaine.
Après une carrière de footballeur professionnel à Nîmes ou encore à Amiens, vous êtes devenu entraîneur… Pourquoi ce choix ?
Je suis attiré par le haut niveau. En tant que joueur, j’ai tout fait pour être au plus haut niveau. Pendant que je jouais, j’ai toujours été attiré par l’aspect humain, tactique, le management. Je suis quelqu’un de passionné par ça. J’ai arrêté assez tôt ma carrière de footballeur à cause d’une grave blessure. Will Still parle de Football Manager, j’ai aussi passé des journées à jouer devant l’ordinateur.
Comment s’est passée votre arrivée à Martigues ?
C’est le directeur sportif (Djamal Mohamed) qui m’a recruté. Il me suivait quand j’avais fait 2 montées avec Endoume. Djamal Mohamed sait faire confiance aux gens et les relancer. Il croyait beaucoup en mon potentiel. J’avais l’occasion de montrer mes compétences dans un club qui avait de l’ambition en N2 et aussi une histoire. Au début, c’était un peu compliqué, puis la machine s’est mise en route avec la montée en National dès la première année.
« Aujourd’hui dans le football, vous pouvez venir de nulle part et déplacer les montagnes »
Qu’avez-vous découvert dans le métier d’entraîneur d’une équipe professionnelle ?
Je suis quelqu’un de curieux, qui ne se prend pas pour un autre, et simple. J’ai eu de la chance de connaître Amiens et Nîmes, en tant que joueur, je sais ce qu’il se passe dans le très haut niveau. Que ce soit la National ou la Ligue 2, je ne suis surpris de rien. J’analyse et j’observe beaucoup. Notre équipe était insouciante, on savait où on allait.
Avant cette saison en National, avez-vous ressenti une certaine appréhension ?
Il y avait un peu tous les sentiments. Beaucoup de joueurs ont découvert ce niveau. Notre but, avec le staff, c’est d’enlever ces incertitudes. Parmi les promus de l’année dernière (Versailles, le Puy et Paris 13), je pense que nous avons fait la meilleure saison. On a une idée de jeu, on est sûr de nos forces. Il y a beaucoup d’écarts entre les budgets, on a joué face à des clubs mieux structurés et avec plus de moyens. Ce qu’on a fait, c’est assez exceptionnel. Aujourd’hui, dans le football, vous pouvez venir de nulle part et déplacer les montagnes.
Entre cette insouciance et ce projet de jeu, n’y a-t-il pas eu une forme de relâchement de la part de vos joueurs durant la saison ?
On n’a pas voulu se satisfaire du maintien. On a été très compétiteurs et ambitieux. En fin de saison, on a fait une semaine à deux matchs contre Dunkerque (1-0) et Concarneau (1-1), deux adversaires directs. J’avais prévenu mes joueurs, il n’y a rien de pire que de croire qu’on a tout gagné.
Cette décompression ne s’explique pas par un manque d’humilité, mais par la non-habitude des joueurs d’avoir un championnat aussi long. Il y avait aussi de la fatigue. La trêve du mois de mai a pu causer un relâchement. On a eu un trou au mauvais moment. Avoir deux matchs capitaux en quatre jours … on n’a pas été épargnés par le calendrier. Notre effectif n’était pas prêt pour jouer tous les 4 jours.
Une seule défaite (à Versailles, 1-2) pour Martigues lors de la première partie de saison, comment avez-vous pu conserver cette dynamique ?
Plusieurs facteurs font que notre saison est réussie : identité de jeu, recrutement, travail avec le staff, qualité de notre effectif… Le management est aussi important. On avait un groupe qui vivait très bien, qui avait envie de gagner ensemble. Cette saison, on a eu beaucoup d’audace dans notre jeu, grâce à notre possession. On avait aussi un très bon état d’esprit acquis l’année passée avec la montée.
« Avant le Mondial, on a commencé à croire à la montée »
Ça aurait pu quand même mal tourner avec cette première défaite en ouverture du championnat ?
Contre Versailles, si on avait été justes, on serait revenu avec au moins un point (but concédé dans les dernières minutes de la rencontre). Malgré la défaite, c’était très positif. Ce premier match était rassurant.
L’un des tournants de la saison est la trêve liée à la Coupe du Monde … comment l’avez-vous géré ?
Avant cette trêve, on a commencé à croire à la montée. Très bien dans nos têtes, on est partis en vacances. Avec mon staff, on a beaucoup travaillé sur les choses à améliorer, notamment tactiquement. On a aussi préparé les joueurs sur les 6 mois restants en disant : « on n’est plus le promu mais une équipe en haut du classement ».
Un autre tournant de la saison pour Martigues c’est cette terrible défaite à Bastia Borgo, dernier du classement et reléguée. Que s’est-il passé ?
C’est dur à expliquer. Quelque chose d’irrationnel s’est produit, quand vous être premiers et que vous perdez contre le dernier. Les joueurs ont été prévenus. On a eu beaucoup de confrontations en une seule semaine. Quand tu joues contre une équipe qui ne joue plus rien, tu as tendance à croire que ça va être facile.
Ça fait très mal d’en reparler. Dans le championnat, je pense qu’il y a une forme d’iniquité. On ne peut pas jouer des matchs cruciaux puis des matchs contre des équipes comme Nancy ou Borgo. C’est comme si on nous avait mis des bâtons dans les roues. C’est quelque chose à appréhender dans son calendrier.
« On a pris un coup derrière la tête après Borgo »
Ce n’est pas le hasard du calendrier ?
Le calendrier, ce n’est pas une excuse. Il doit y avoir de l’équité. Il va falloir se pencher sur la question du calendrier. Très peu d’équipes ont gagné en enchaînant le lundi et le vendredi.
Après Bastia Borgo, quels ont été vos mots pour remobiliser vos troupes ?
Ce sont des moments pénibles, dont on ne s’ attendait pas. On a pris un coup derrière la tête. On ne peut pas dire que « ce n’est pas grave ». La déception était énorme. Il n’y a pas eu de mots. On ne s’attendait pas à une telle déconvenue.
Y avez-vous quand même cru lors de la dernière journée ?
Être devant au classement pendant autant de temps, c’est dur quand l’équipe n’est pas habituée. C’est plus facile d’être le poursuivant. Je savais très bien qu’on avait laissé passer notre chance. »
D’un point de vue individuel, que pouvez-vous nous dire sur Foued Kadir, 39 ans et fidèle au poste ?
C’est une très belle chose de l’avoir. C’est un joueur très technique, qui a reculé dans le placement, mais très bon dans l’organisation. C’est quelqu’un qui a connu le haut niveau. Il apporte de par son attitude, il n’a pas besoin de parler pour montrer l’exemple. C’est aussi un martégal. Je ne pense pas qu’il aurait duré autant de temps si ce n’était pas son club natal. Il prend beaucoup de plaisir.
Et il continuera l’année prochaine à Martigues ?
Oui, oui (rires).
La blessure d’Amine Hemia (face au Red Star, J24), qui réalisait jusque-là une superbe saison vous a-t-elle été préjudiciable ?
Elle aurait pu l’être, mais finalement, elle ne l’est pas parce que Walid Orinel a été très performant. A l’entraînement il montrait de belles choses, mais était en manque de repères, et c’est normal. Après deux mois de blessure, on n’a pas retrouvé le vrai Amine Hemia. Heureusement, notre effectif était riche qualitativement. Foued Kadir a également été blessé, mais Samir Belloumou a bien su le remplacer.
Comment vous sentez-vous avant le passage du FC Martigues devant la DNCG la semaine prochaine ?
C’est une période compliquée, mais en tant que coach, ça ne nous appartient pas. On s’attend à avoir un petit budget. Le club essaye de se stabiliser, de trouver des solutions. Sur ce que les dirigeants m’ont dit, je suis rassuré.
Avez-vous commencé à parler du mercato estival avec la direction ?
On attend ce passage devant la DNCG. Il faut ensuite construire un effectif. Sur ce début de mercato, on est assez confiants quant à l’idée de garder nos joueurs. Avec Concarneau, on a été le meilleur effectif du championnat. Les gens ont apprécié nous voir jouer. On a réussi à retrouver cette ferveur à Martigues. On a eu des tribunes garnies. Les joueurs en sont conscients. On sait qu’on n’a pas le club le plus riche du championnat.
Enfin, que pouvons-nous vous souhaiter pour la saison prochaine ?
Avoir toujours cette même ferveur au stade. Avoir de la continuité dans le contenu. Développer un même effectif. Être performant et avoir des résultats. Le club se prépare au haut niveau. L’idée est d’être dans la continuité sportivement et de structurer le mieux possible.