Alors que Stéphane Moulin a déclaré, ce 26 mars, qu’il quitterait le SCO d’Angers en fin de saison après 22 ans de services, dont 16 en tant qu’entraineur et 11 sur le banc de l’équipe première, les fans angevins sont abasourdis. Beaucoup sentaient la fin de cette aventure arriver, mais peu s’y attendaient véritablement. Ce billet d’humeur vient se superposer aux différents hommages et remerciements adressés à l’historique entraineur angevin et les propos qui y sont tenus n’engagent que son auteur.
L’annonce que tous les supporters du SCO redoutaient est tombée : Stéphane Moulin, à la tête de l’équipe première depuis 2011, a annoncé qu’il quitterait son poste à la fin de la saison. Parisien de naissance, angevin de cœur, il a dirigé 406 rencontres pour 152 victoires, 110 nuls et 144 défaites depuis son intronisation sur le banc de l’équipe première. Ces chiffres ne font certes pas rêver, mais une fois mis en parallèle avec les prétentions et les moyens angevins, ce bilan est plus qu’honorable.
Cependant, plus que ce bilan, c’est l’âme du club qui a décidé, en ce 26 mars 2021, de plier bagage. S’il y a une personne aujourd’hui qui est véritablement assimilable au SCO, c’est bien Stéphane Moulin. Avant d’entrainer l’équipe première angevine, il avait déjà pris part à 138 matchs en tant que joueur pour les blancs et noirs entre 1984 et 1990 (6 buts), et avait entrainé l’équipe B du SCO entre 2005 et 2011 lors de 180 matchs, pour 76 victoires, 44 nuls et 60 défaites.
Stéphane Moulin a donc été directement impliqué, durant toute sa carrière dans le football, dans 724 matchs angevins. Véritable figure du club du Maine-et-Loire, il était difficile d’imaginer ces deux entités voir prendre des chemins différents.
Moulin, l’homme derrière les succès récents du SCO
Et pourtant, il faudra s’y faire. Même les couples les plus solides peuvent flancher. L’histoire retiendra qu’Angers a réussi à se pérenniser en Ligue 1 depuis sa remontée et que c’est en grande partie dû à cet homme. Le SCO avait connu 10 entraineurs entre 2000 et 2011, un seul entre 2011 et aujourd’hui. Entraineur à la plus longue longévité en exercice en Europe, il va sans dire que le club aura passé un cap avec Moulin aux commandes. De club anonyme de Ligue 2, le futur ex-entraîneur du SCO aura réussi à faire de ce dernier un club respecté de Ligue 1. Certes, dire qu’Angers n’est pas encore en capacité de tutoyer les sommets sur une saison complète ne serait pas un mensonge.
L’équipe angevine n’est pas devenue une terreur de la Ligue 1 et cette hypothèse ne saurait être vue comme crédible à court terme. Cependant, sous la direction de Stéphane Moulin, le club du Maine-et-Loire n’a que rarement été inquiété par la relégation, a obtenu des victoires de prestige face à des cadors de la Ligue 1 (le PSG étant la seule équipe que le SCO n’a pas réussi à battre en championnat depuis sa remontée parmi les équipes évoluant actuellement en Ligue 1) et a également signé de solides parcours en Coupe de France, avec une demi-finale 2014 perdue face au Stade Rennais, une finale perdue dans les arrêts de jeux face au Paris Saint-Germain en 2017 et affrontera le CS Sedan Ardennes le 7 avril pour une place en quarts de finale de l’édition 2021.
Cependant, il n’est pas question d’expliquer ici les faits d’armes du SCO lors de ces dernières saisons, mais de rendre hommage à son coach historique. Plus que sa longévité, Moulin a réussi imposer une véritable patte sur le club. Durant neuf ans, le SCO a réussi à retrouver une stabilité exemplaire et s’est détaché des troubles qui l’accompagnaient depuis le début du millénaire. Finies les histoires, les magouilles, les difficultés : le club était devenu un modèle, un club familial avec un entraineur passionné et amoureux du club.
Franc, sincère, sympathique, accessible et formateur, Moulin était une véritable figure paternelle aux grandes qualités humaines, aussi bien pour les joueurs que pour les supporters : il suffit d’aller voir les différentes réactions de ces derniers lors de l’annonce de son départ pour constater qu’il n’était pas que le simple entraineur du club, mais bien plus que cela. Ayant également lancé (ou relancé) de nombreux joueurs, impliquant de vraies valeurs de partage, de solidarité et de don de soi, il aura de fort belle manière réussi à réinstaurer cet esprit combattif, se traduisant par cette fameuse « dalle angevine » qui a fait tant parler.
Un capitaine présent contre vents et marées
Toutefois, tout n’a pas été qu’un long fleuve tranquille pour Moulin au SCO : souvent attaqué sur le jeu parfois défensif de sa formation, proche de la démission lors de la mi-saison 2016-2017, régulièrement amputé de ses meilleurs éléments, exerçant dans un club miné par les affaires internes depuis 2020 (départ du directeur sportif Olivier Pickeu, refonte de l’organigramme du club, plaintes contre le président Saïd Chabane) et souvent en difficulté lors des périodes hivernales, il s’en est toujours sorti avec brio, montrant aux yeux de tous que ce n’est pas parce qu’un club a un faible budget qu’il ne peut pas réaliser de belles choses.
Stéphane Moulin n’est pas un Pep Guardiola, un José Mourinho, un Carlo Ancelotti ou un Didier Deschamps. Il n’en a pas l’aura et n’aura sûrement jamais un palmarès comparable. Cependant, contrairement aux grands entraineurs cités précédemment, il représentait le SCO et son image en sera, pendant longtemps encore, indissociable, malgré le fait que leurs chemins se séparent. Stéphane Moulin a également remis Angers sur la carte du football français, ce qui est un petit exploit au vu du passif du club. Il sera toujours possible de dire qu’il « sur-performait », qu’il a eu de la réussite ou encore qu’il a eu de très bons joueurs qui ont réussi à faire en sorte que sa légitimité ne soit que peu remise en doute.
Cela pourrait s’entendre sur une saison : on peut tous avoir de la chance une fois. Néanmoins, on ne peut pas en avoir sur dix saisons consécutives.
Vers de nouveaux horizons ?
Peut-être que Stéphane Moulin souhaitait un nouveau challenge. Il serait possible de l’imaginer à Caen, présidé par Olivier Pickeu et dont l’entraineur Pascal Dupraz vient d’être poussé vers la sortie. Le duo Pickeu-Moulin pourrait alors repartir de Ligue 2 avant de se pérenniser en Ligue 1, comme ils l’ont fait avec Angers. Moulin pourrait également viser plus haut qu’Angers : Lyon serait alors un excellent point de chute, en raison du départ probable de Rudi Garcia en fin de saison et de la préférence de Jean-Michel Aulas pour les entraineurs français, d’autant que le nom de Moulin circulait déjà à Lyon lors du départ d’Hubert Fournier en décembre 2015. Cela lui permettrait également de retrouver Karl Toko-Ekambi, voir éventuellement Jeff Reine-Adélaïde, si l’OGC Nice ne lève pas son option d’achat. Ceci dit, la marche serait peut-être un peu haute dans un premier temps, et un club justement comme Nice, peut-être plus ambitieux et au climat aux antipodes des gros du championnat, pourrait être une destination idéale. Il pourrait également prendre la direction de l’étranger : son profil ne manquera pas d’attirer beaucoup de regards.
Quoi qu’il en soit, les années à venir vont être compliquées à gérer pour le SCO d’Angers. L’histoire l’a souvent démontré : rares sont les clubs qui ont performé suite au départ de leur coach historique. Au mieux, il leur a fallu du temps pour revenir sur le devant de la scène (Arsenal ou Manchester United par exemple, mais leurs moyens ne sont en rien comparables avec ceux du SCO), mais dans une grande majorité des cas, ils sont devenus des clubs de seconde zone, filtrant avec les profondeurs non pas de la première division, mais bel et bien celles de la deuxième division (Nancy et Auxerre pour ne citer qu’eux). Cela reste forcément la fin d’un cycle pour le club angevin, qui en quelques mois va se voir changé à un point inimaginable il y a de cela un an (nouveau logo à venir, départ du staff en plus de celui de Moulin, organigramme fracturé, affaires judiciaires…). Le club en sortira-t-il grandi ou, au contraire, en payera-t-il le prix très prochainement ? Rien n’est moins sûr, d’autant qu’un club habitué au ventre mou tel que le SCO, va se voir privé de son élément le plus important, de son garant, de son âme.
Quoi qu’il arrive, Stéphane Moulin et le SCO seront à jamais marqués l’un de l’autre. Même si tous les supporters angevins savaient qu’il n’allait pas rester éternellement au club, il est triste de savoir qu’à l’issue d’une saison sans public, le capitaine du navire angevin ira voguer vers de nouveaux horizons sans qu’un hommage qu’il mérite amplement ne puisse lui être rendu en bonne et due forme. Angers, ville du Bon Roi René, a désormais perdu son prince Stéphane.
Supporters angevins, profitez de la dizaine de matchs qu’il reste dans cette saison pour lui rendre hommage. Joueurs, allez chercher votre billet pour la finale de Coupe de France afin de conclure l’histoire de Moulin et de son staff en beauté. Dirigeants, faites-lui construire une statue. Enfin, Stéphane Moulin, merci pour tout et bonne chance pour la suite, quels que soient vos projets : le SCO ne vous manquera peut-être pas, mais vous manquerez au SCO.
Un commentaire
Ma page Facebook. :Angers SCO supporter extra muros
Alimentée par mes tableurs Excel et des commentaires.
Merci à tous
Et bonne continuation cher monsieur Stéphane Moulin
Que de souvenirs vous avez produits.
Vous devez continuer sur cette bonne voie
Merci Stéphane