Niko Kovac, croate de 49 ans, est un jeune entraîneur, soif d’apprendre et d’expérience, depuis 2009. Il a entraîné l’un des meilleurs clubs européens actuels, le Bayern Munich, de la fin de saison 2017-2018, jusqu’en fin 2019. Néanmoins, le croate ne restera pas longtemps à Munich : beaucoup critiqué par son équipe sur ses choix tactiques, Kovac n’a pas su convaincre ses dirigeants et exploiter comme il le voulait ses caractéristiques personnelles, avec notamment, des résultats décevants.
Niko Kovac sera relancé à Monaco lors de l’été 2020, et son apparition même sur le Rocher relancera le club de la principauté. À travers différents choix tactiques, différentes prises de décision, différents remaniements dans l’équipe, le club monégasque se porte merveilleusement bien aujourd’hui. Voyons comment le croate a su convaincre le cœur des supporters monégasques, en décortiquant l’impact du croate sur le Rocher, après avoir fait un bond en arrière, à l’AS Monaco de l’Avant-Kovac.
L’AS Monaco avant Kovac
Il est nécessaire de faire ce bond en arrière, afin de comprendre la situation de Monaco avant l’arrivée de Kovac et donc, la gravité de l’impact de ce dernier sur le club.
Après l’énorme campagne européenne effectuée en 2017, et le titre de Champion de France obtenu cette année-là, l’AS Monaco a vu ses grandes stars sur le départ : Mbappé, Bernardo Silva, Mendy… Tous sont allés dans des clubs beaucoup plus prestigieux que l’ASM. Plus tard, lors du mercato estival de 2018, ce sont Fabinho et Thomas Lemar qui rejoindront la liste des joueurs vendus par l’ASM. La saison 2018-2019, sera particulièrement chaotique pour l’AS Monaco. Elle mêlera des résultats inquiétants, une campagne européenne hideuse et une instabilité dans le staff. Les 10 premiers matchs de championnat sont catastrophiques : 10 matchs, 6 défaites, 3 nuls et une seule petite victoire. Pointé à la 19e place, le club commence sa saison de la pire des manières. Sur la scène européenne, Monaco est inoffensif : 6 matchs de LDC et 1 seul petit point obtenu sur la pelouse de Bruges.
Leonardo Jardim, entraîneur actuel, est donc démis de ses fonctions en Octobre 2018, à cause de ce début de saison chaotique. C’est un certain Thierry Henry qui reprendra les commandes de l’équipe mais hélas, il ne fera guère mieux : jugé trop narcissique par ses joueurs et certainement dû à son manque d’expérience dans le monde de coach, Titi ne parviendra pas à mêler cohésion d’équipe et bons résultats. À la 21e journée, soit 4 mois après l’arrivée de Henry, Monaco pointe toujours à la 19e place. C’est alors que l’invraisemblable se produit : Thierry Henry est démis de ses fonctions, et c’est.. Leonardo Jardim qui fait son retour au club, contre toute attente. Le portugais parviendra, néanmoins, à sauver le club de la relégation puisque à la 38e journée, Monaco finira 17e de Ligue 1 avec seulement deux points d’avance sur le barragiste Dijon ( 18e ).
La saison 2019-2020 est marquée par le nouveau licenciement de Jardim, après des résultats moyens. C’est Roberto Moreno, l’inexpérimenté espagnol, qui va reprendre les rênes du club. Porté par un excellent duo d’attaque composé de Wissam Ben Yedder et Islam Slimani, l’AS Monaco finira à la 9e place sa saison finie prématurément ( stoppée à la 28e journée, à cause du Covid-19 ). La saison d’après, la saison 2020-2021, est marquée par l’arrivée d’un nouveau directeur sportif au sein du club, Paul Mitchell, qui prendra, dès son arrivée, la décision surprenante de licencier Roberto Moreno pour engager le croate Niko Kovac, au sein du groupe.
Le licenciement de Moreno est mal digéré par les monégasques, au vu de la saison convaincante que celui-ci avait mené, juste avant. Malgré sa neuvième place concédée, on estimait que Moreno, en manque d’expérience, pouvait continuer à apprendre et à performer au sein du club princier. Mais le croate va rapidement conquérir le cœur rouge et blanc en enchaînant les victoires. L’AS Monaco de Kovac n’a été vaincu qu’une seule fois en 2021, sur 11 matchs joués ( 9 victoires, 1 nul et 1 défaite ) et a remporté ses deux matchs de championnat face au champion en titre, le Paris Saint-Germain. Pour comprendre pourquoi l’AS Monaco est aujourd’hui un candidat sérieux au titre, il est temps d’analyser l’impact de Kovac sur le Rocher.
L’impact de Kovac sur le rocher
Les principales qualités de Niko Kovac sont le haut niveau de proximité avec ses joueurs et à la fois, sa forte discipline. Le combo affinité-discipline, s’il est maîtrisé, permet, pour certains journalistes, à l’entraîneur moderne de réussir. Cette méthode maîtrisée par Kovac, ne semble pas avoir marché avec le Bayern, sûrement à cause du fait qu’il est bien plus différent de gérer un vestiaire constitué essentiellement de stars mondiales. Néanmoins, dans un contexte où les joueurs cherchent à progresser comme à l’AS Monaco, et ne sont pas considérés encore, comme des stars mondiales, cette méthode d’affinité et de discipline marche à merveille.
Niko Kovac a fait révéler des joueurs aux yeux du monde, on pense notamment à Sofiane Diop, jeune joueur qui détient une place déjà importante dans le XI monégasque, et qui performe grâce à la mise en confiance de Kovac. En citant Sofiane Diop juste avant, on peut évidement, prendre les cas de la paire Tchouaméni et Fofana au poste de milieu de terrain, deux joueurs qui n’avaient encore rien prouvés avant leur arrivée sur le Rocher ; ces joueurs sont utilisés dans le box-to-box de Kovac et constituent une paire parfaite et convaincante depuis le début de saison, ou bien encore le cas de Caio Henrique, méconnu lors de son arrivée en Principauté en provenance de Gremio, qui est un latéral subtile, vif, aussi utile dans le plan de jeu offensif de l’équipe que dans le plan de jeu défensif et qui a donc, largement son rôle à jouer dans le XI monégasque puisqu’il trouve très souvent son nom parmi les titulaires.
Parmi ces révélations de cette année, se rajoutent des joueurs indéboulonnables dans le système du croate, comme Ben Yedder, Volland ou bien même encore le défenseur Maripan, 4e meilleur buteur du Club derrière Ben Yedder, Volland et Diop. Niko Kovac, encore soif d’apprendre et d’expérience, est l’élément parfait pour constituer cette équipe.
On remarque un Homme qui sait ce qu’il fait et parvient à fixer des objectifs précis à ses joueurs avant les rencontres, que ces derniers réussissent, le plus souvent, à grande merveille : on pense au match Paris SG – Monaco ( 0-2 ) d’il y a pas si longtemps, où Mbappé a été privé d’espace durant tout le match, puisque 2 voir 3 joueurs se mettaient à sa charge pour l’asphyxier. Cela relève donc d’un objectif fixé par Kovac : stopper Mbappé. Sur ce même match, Kovac s’est parfaitement adapté au jeu parisien mis en place face au Barça quelques jours avant (1-4) et a donc privé les joueurs de la capitale, de tout espace possible en défendant très bien et en mettant en place un 4-5-1 où deux lignes monégasques très compactes, empêchaient les parisiens de casser ces dernières. Cette barrière monégasque s’est soldé par une impossibilité de se créer des occasions franches ( seulement très peu ) durant tout le match.
Sous d’autres dispositifs tactiques, l’AS Monaco de Kovac défend en 4-4-2 à plat. Monaco n’hésite pas à presser haut sur le terrain, afin d’asphyxier l’adversaire. Dès la perte de la balle, les monégasques vont se river sur le porteur du ballon pour récupérer au plus vite la balle : un contre pressing souvent débuté par la paire d’attaque Volland-Ben Yedder, soutenus par les latéraux qui comblent l’espace, coupent les solutions pour récupérer le ballon ou alors font simplement reculer le porteur. Néanmoins dans un 4-4-2 qui semble être un dispositif idéal pour Monaco au vu du type de joueurs que l’on trouve dans l’équipe, des dangers subsistent.
Pour Kovac, le danger de ce dispositif, c’est la transition défensive. Le risque de se trouver avec une équipe coupée en deux entre la défense et l’attaque est certainement plus important que dans les autres systèmes, et Kovac le sait, car il en a payé les frais une paire de fois. Par ailleurs, le travail des quatre éléments offensifs, dans la coordination du pressing comme dans celle du repli, doit être constant pour préserver l’équilibre du collectif. L’AS Monaco, encore tout neuf et en reconstruction tactiquement parlant, ne maîtrise pas encore les phases indispensables de conservation qui garantissent une maîtrise défensive, mais cela ne serait tardé, au vu des résultats actuels qui sont plus que satisfaisants, on pourrait croire que très bientôt, l’AS Monaco pourrait combler ses lacunes actuelles et performer dans tous les domaines.
Kovac a aussi tenu à prévenir les supporters monégasques sur ce sujet :
« Lors de mon arrivée, je vous ai dit qu’il me fallait du temps.«
Au niveau des joueurs clés du XI monégasque, comme cités précédemment, la paire Tchouaméni-Fofana, révélation de début de championnat, joue un rôle premier dans ce XI : cette paire est le point clé de l’équilibre défensif du 4-4-2. Remplissant toutes les cases pour évoluer en box-to-box, les deux milieux, en plus d’asphyxier l’adversaire et de récupérer de nombreux ballons, n’hésitent pas à se projeter vers l’avant quand ils le peuvent. Une sorte de carré défensif est alors formé par Niko Kovac, avec deux arrières centraux, comme Badiashile-Maripan ou alors l’apparition parfois de Disasi à la place de Badiashile, qui offre un équilibre défensif idéal et permet de retrouver moins d’erreurs individuelles grâce à ce carré compact.
Au côté des offensives, l’AS Monaco se transforme lors de ces phases, en un 3-4-2-1 efficace, afin d’avoir plus de solutions entre les lignes. Kovac a donné moins d’importance au jeu de possession et désormais, des transitions plus rapides, des projections vers l’avant plus rapides, vont faire leur apparition et le duo Ben Yedder – Volland, constitue un appui dans ces phases. Cette doublette reste évidemment, indispensable au jeu offensif monégasque puisque lorsque l’un des deux occupe la pointe de l’attaque, l’autre va se transformer en 9 et demi et va décrocher pour apporter son soutien lors des offensives. À ce stade de la compétition ( 29 journées ), le duo Volland-WBY a inscrit 26 buts ( 13 buts chacun ) et 11 passes décisives ( Volland 7 et WBY 4 ).
On remarque que la plupart du temps, l’attaquant qui décroche pour soutenir les offensives, est Volland, au vu de son nombre de passes décisives, et l’allemand, pourtant arrivé cet été en provenance de l’Eintracht, semble parfaitement s’être intégré au club de la Principauté et est parvenu à tisser des liens très forts avec l’équipe, particulièrement avec son collègue d’attaque, Wissam Ben Yedder. Par ailleurs, le secteur offensif est doté aussi d’un Sofiane Diop révélateur, considéré comme l’un des principaux créateurs de l’attaque monégasque cette saison. Ses principales qualités sont ses qualités techniques, et donc, sa capacité à faire la différence, ainsi que son excellent pied droit. Ces qualités lui permettent d’être le 3e meilleur buteur de l’AS Monaco cette saison, en championnat.
Le 3 mars 2021, le RC Strasbourg Alsace a mit fin à une invincibilité phénoménale de l’AS Monaco, en s’imposant 1-0 contre les Rouges et Blancs. Les monégasques n’avaient plus goûté à la défaite depuis le 16 décembre 2020, soit 13 matchs sans défaite… Une éternité. « Ce match est un accident » a plaidé Kovac, désormais, l’AS Monaco doit revenir de l’avant pour rester dans la course au titre. 4e au classement avec 11 points d’avance sur Marseille, 5e, l’AS Monaco peut se remettre en confiance dès la fin de semaine lors de son déplacement à Saint-Etienne, 16e au championnat, pour le compte de la 30e journée de Ligue 1 Uber Eats. Un match qui s’annonce d’ores et déjà décisif pour les deux camps.
Même si l’AS Monaco n’est pas parfait ni irréprochable aujourd’hui, Niko Kovac a, de part ses qualités personnelles en tant qu’entraîneur mais aussi par le groupe de joueurs qu’il détient, toutes les cartes en main pour mener l’AS Monaco de nouveau, dans l’élite du football français, ce club qui avait sombré ces dernières années. La fin de saison s’annonce décisive pour le club de la principauté, et un retour sur la scène européenne pour la saison prochaine est désormais, l’objectif premier.
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