Outre la première édition de la Coupe du Monde 1930 où les États-Unis avaient terminé à la 3ème place, la meilleure performance de l’USMNT (US Men’s National Soccer Team) remonte à 2002. Cette année-là, l’équipe de Bruce Arena échouait en Quart de Finale face à l’Allemagne. Après 9 qualifications manquées de 1954 à 1986, ils ont participé aux 6 Coupe du Monde suivantes avant l’humiliation de 2018. Un évènement marquant un second tournant pour les USA après la création de la Major League Soccer en 1996 suite au Mondial 1994 à domicile.
Un groupe chargé d’Histoire
Dans un bal à trois favoris avec les USA, le Mexique et le Canada, les derniers cités ont survolé les éliminatoires de la zone CONCACAF, suivis de près par les deux autres mastodontes du nord-continent. Ce sera donc la 11ème participation de la Team USA à une Coupe du Monde. Emmenée par Christian Pulisic, cette jeunesse américaine pleine de promesse vient en prévision d’un seul et même rendez-vous : le Mondial 2026 à la maison !
Le groupe B est composé des USA (16e au classement FIFA), de l’Angleterre, favorite et 5e, du Pays de Galles, 19e, et de l’Iran, Petit Poucet et 20ème au classement mondial. Sur le papier, le groupe semble compliqué mais jouable :
- Les Three Lions font offices de favoris, malgré un Harry Maguire aux abois qui pourrait être un boulet pour sa sélection. Mais les finalistes du dernier Euro vont vouloir jouer les troubles fêtes lors des phases finales.
- Les Gallois de Gareth Bale, qui évolue en MLS au Los Angeles FC. Un match sûrement décisif pour la qualification en phase finale.
- L’Iran, sans la sous-estimer, sera l’équipe contre laquelle il faudra soigner le goal-average.
Pour le premier match de poule, les coéquipiers du capitaine Christian Pulisic partiront avec un avantage psychologique. En étant invaincu face au Pays de Galles lors de leurs deux dernières confrontations (0-0 en 2003 et 2-0 en 2020). Un résultat positif aura surtout son importance en vue du second match qu’ils joueront face à l’Angleterre tandis que les Dragons défieront l’Iran.
Les Anglais justement : voilà le gros morceau de la poule avec un petit goût de « déjà vu ». Lors de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, les deux nations s’étaient rencontrées au même stade de la compétition. Match nul 1-1 : les USA bien aidés par Robert Green, auteur d’une boulette mémorable qui avait permis à Clint Dempsey d’égaliser.
Le dernier match se jouera face à l’Iran. Leur seule et unique confrontation remonte au 21 juin 1998. Une date chargée d’histoire pour les deux pays qui, à l’époque, nourrissent de grosses tensions diplomatiques depuis près de 20 ans. Ce soir là, les USA s’inclinent 1-2 dans un climat tendu, sur fond de politique oppressant. Le Stade de Gerland et son souvenir d’une soirée rude psychologiquement est bien loin.
Il faudra maintenant se méfier de Mehdi Taremi, le serial buteur du FC Porto, pour engranger une victoire primordiale et passer les phases de poule de cette Coupe du Monde, si spéciale et controversée au Qatar.

Ce sera quitte ou double pour les Américains dans cette compétition qui va leur permettre de préparer au mieux le prochain Mondial à la maison. L’idéal serait d’accrocher un point face au Pays de Galles pour engranger de la confiance et démarrer une dynamique. Si ce n’est pas le cas, il faudra impérativement un match nul lors du second match pour avoir son destin en main, avant de viser les 3 points contre l’Iran pour le dernier match. Dans l’idéal, il faudrait sortir du groupe avec 6 ou 7 points, même si 4 devraient être suffisants pour se qualifier en 1/8ème de finale.
Une jeunesse qui a soif de revanche
Les États-Unis ont donc connu deux tournants footballistiques dans leur histoire. Le premier avec l’attribution de la Coupe du Monde 1994, en échange de la professionnalisation du « soccer » dans le pays et donc la création de la Major League Soccer. Le second est la non-qualification pour la Coupe du Monde 2018 en Russie lors de la dernière journée de qualification (défaite 1-2 face à Trinidad & Tobago), alors qu’un match nul suffisait contre le dernier du groupe.
« La nuit la plus surréaliste et la plus embarrassante du football américain. »
A l’époque, l’étoile montante du pays, nommée Christian Pulisic n’a que 19 ans et participe alors à cette déroute historique aux côtés de DeAndre Yedlin (24 ans) et Tim Ream (30 ans), et au milieu des trentenaires évoluant pour la plupart en MLS. Ce match a été vécu comme un véritable traumatisme et une catastrophe médiatique et financière (visibilité, réputation, droits TV).

Suite à ça, beaucoup de changements ont été réalisés au sein de l’USMNT. A commencer par la prise de poste de Gregg Berhalter comme sélectionneur. Contrairement à son prédécesseur, l’ancien entraîneur de Columbus Crew (2013-2018) a directement fait confiance aux joueurs et les a aussi incités à partir progresser en Europe. Néanmoins, il ne ferme pas la porte à ceux qui évoluent en MLS, d’autant plus qu’il a récemment déploré le fait que certains jeunes ne sautent le pas trop rapidement :
« Je pense qu’il est important de noter que certains transferts récents de la MLS sont arrivés trop tôt. Pensez à Bryan Reynolds, qui est allé à Rome ou George Bello, il y a un argument à faire valoir qu’il aurait pu rester en MLS et dominer la ligue, puis déménager. Il y a donc un certain nombre de gars dont je crains qu’ils ne partent trop tôt. »
D’autres sont implantés depuis plus longtemps et auront un rôle primordial en sélection durant la Coupe du Monde. C’est le cas de Christian Pulisic, Giovanni Reyna, Tyler Adams ou encore Weston Mckennie qui ont d’ailleurs tous commencés en Bundesliga !
Le manque d’expérience risque néanmoins de porter préjudice à cette jeune équipe. Certes, la plupart jouent en Europe ou en Major League Soccer, mais aucun d’entre eux n’a l’expérience des grandes compétitions internationales. Hormis DeAndre Yedlin, qui est le seul à avoir joué en Coupe du Monde (2014). Alors même si les USA ont remporté la Nations League en 2020 et la Gold Cup en 2021, le niveau sera tout autre au Qatar.
Avec l’enchaînement des matchs, beaucoup de joueurs se sont blessés avant le début de la compétition. Dans l’ensemble, les américains ont été épargnés, mais ce n’est pas le cas pour Miles Robinson, ou plus récemment Chris Richards. D’autres n’ont quant à eux pas été retenus, comme Ricardo Pepi (et c’est une surprise NDLR), Jordan Siebatcheu, Zack Steffen, Paul Arriola ou encore les défenseurs centraux formés à Philadelphia Union Mark McKenzie et Auston Trusty.
Comme on peut le voir, le vivier de joueurs talentueux est très important et beaucoup d’autres joueurs tout aussi talentueux et même plus jeunes seront dans l’effectif ces prochaines années. Mais pour ce Mondial 2022, les meilleurs ont été sélectionnés d’après Gregg Berhalter et l’équipe semble vraiment compétitive pour préparer au mieux 2026.

Le joueur à suivre : Yunus Musah (Valence CF)

Brenden Aaronson, Christian Pulisic, Jesus Ferreira… les talents américains ne manquent pas et tous seront à surveiller, mais le plus prometteur de tous portera le numéro 6 durant la compétion.
Formé à l’académie d’Arsenal puis repéré par Pablo Longoria pour intégrer l’effectif de Valence CF, Yunus Musah est devenue rapidement un milieu (très) polyvalent dont il est difficile de se passer, aussi bien en club qu’en sélection nationale. Pouvant jouer à tous les postes du milieu de terrain, il a même dépanné à quelques reprises comme arrière avec Valence. Mais c’est bien dans un milieu à trois qu’il évoluera avec les États-Unis à côté de Weston McKennie et devant Tyler Adams. Il y a deux ans, la jeune pépite alors âgée de 17 ans fêtait sa première sélection contre le Pays de Galles, équipe qu’il retrouvera lors de la Coupe du Monde. Ce sera donc forcément un match spécial pour lui qui attend cet événement planétaire avec beaucoup d’impatience !
« Maintenant que j’y pense, je vais jouer la Coupe du monde, mon premier match de Coupe du monde, contre l’équipe contre laquelle j’ai fait mes débuts. Ce sera spécial, un match très important pour commencer ce tournoi en force. C’est un match qu’il faut absolument gagner, vous savez, il faut y aller et commencer le tournoi du bon pied. »
Véritable joueur box-to-box, Musah est naturellement porté vers l’avant et il saura user de sa technique et de ses courses vers l’avant pour approvisionner ses attaquants en ballon.
Lors du dernier match de phase de poule de la Coupe du Monde le 29 novembre, il fêtera alors ses 20 ans. Espérons que cela soit un jour de fête pour les USA et pas seulement pour lui !